Maras, s’exclame le vieil homme, après avoir avalé une longue gorgée de Callao, c’est la mer travestie en montagne. Là-bas, même les mouettes se prennent pour des condors.
Vous, dit-il aux chiens errants et aux quelques touristes qui l’écoutent intrigués, vous ne devriez pas y aller sans vous préparer. Ce n’est pas une odyssée ordinaire. Elle vous changera ou vous n’en reviendrez pas.
Comme tout voyage, cela commence par une déchirure : Abandonner la vallée sacrée, quitter cette route qui mène à ce train, qui transporte là où les montagnes jeune et vieille offrent un berceau à ce que l’homme a de plus inouï : les fulgurances de sa folie.
Souvent, je prends ce chemin qui s’accroche à la montagne juste après Urubamba. Je laisse mon regard se surprendre de cette rivière aux rives brillantes de pâleur. Après une courbe, la montagne se referme et offre au regard un saisissant mur opalin.
Des chevaux d’écume galopent vers moi. Je ferme les yeux. Le ressac me maltraite. Je rouvre les yeux : rien ! La montagne et le soleil rient de cette blague annonçant qu’ici commence le royaume du sel.
Le mur se fait terrasses. Chaque terrasse s’offre un bassin où se repose l’eau saumâtre de la rivière. Chaque bassin devient le gardien d’une couleur, du blanc à la rouille. Par dizaine des ombres humaines récoltent ce sel et façonnent cette sculpture presque millénaire, imaginée par leurs ancêtres.
Il ne faut jamais s’arrêter trop longtemps, de peur, telle cette abeille, d’être dévoré par les cristaux de sel. Maintenant, il faut se décider à rompre cet envoûtement. Mes pas me portent vers le haut, vers le village, car mes yeux refusent de lâcher ce poème…
Voyant son verre bien vide, son assistance évanouie, il s’est tu, il s’est levé. Ce soir, il tentera encore d’aller enfin au-delà de ce chemin. Il échouera et regardera pétrifié les reflets de la lune sur la saline.
Le 13 juillet 2013 à Buenos Aires
Ce matin en ouvrant mon ordi vers 7h40 je pensais qu’il y avait longtemps que je ne t’avisa pas lu….bizarre.
j’en ai profité pour relire quelques-uns de tes billet,.quelles douces poésie mystérieuse, j’adore.
ça me touche beaucoup ce que tu dis :)
c’est beau les transmissions de pensée.
Et hop, embarquement (imaginaire) pour Maras.
Quel paysage extraordinaire, on se croirait dans un monde parallèle .
La prochaine fois qu’on se voit je t’emmène encore plus loin ;)
Etonnant paysage. Un beau bouquet d’oeillets.
pourquoi d’œillets ?
Jeu de mots pourrave comme j’aime. Les bassins de cristallisation des marais salants sont appelés oeillets. Je ne sais pas pourquoi
Je ne savais point.
Merci pour l’info.
Que de chemin parcouru, au propre comme au figuré…
Je reviendrai explorer plus avant dès que ce foutu boulot me laissera un peu de temps pour vagabonder sur tes traces…
C’est achtement bien :-))
tu fais quoi comme boulot pour que ça te prenne tant de temps?
tu arrives à errer toi ?
Merci beaucoup.
Effectivement les salines de Maras (ainsi que Morai) méritent le quitter la vallée sacrée.
ça c’est clair :)
Tu es un merveilleux raconteur d’histoires.
C’est probablement le plus beau compliment que tu puisses me faire. :)
J’aime toujours autant ce que tu ėcris. Merci.
Xavdul
tu es toujours le bienvenu.